C'est la rentrée, alors sortons !!
Déjà ?! Oui, c'est déjà fini. Ou bien ça commence, comme vous voulez !!
Avant de vous saturer les mirettes avec mon cahier de vacances, commençons par la fin, ou presque...
Après une quinzaine à courir la montagne suisse et le vignoble piémontais, votre dévoué buveur-marcheur a renoué avec un de ses plaisirs premiers, en rentrant dans sa très (trop) verte Bretagne.
"Le spécialiste de l'étiquette pourrie mais souvent divine" nous a nouveau convié à sa table, pour le match retour d'un tournoi en deux manches, organisé annuellement avec son ami Denis autour de la table et du vin.
Aussi, après une quinzaine parsemée de vins souvent trop boisés, je ne me suis guère fait prier pour occuper le strapontin d'une soirée dantesque. Comme toujours, tous les vins sont dégustés à l'aveugle.
Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot 84 - Bernard Morey
Superbe couleur d'un vin apparemment évolué, qui exhale la cire, le thé et un fin toasté.
L'attaque est "en dedans", délicate, "chardonnesque" (que j'ai placé en Jura), accusant rapidement un manque de puissance.
Fidèle à la tradition, Ludo nous dévoile une étiquette au look très étudié. C'est très finement oxydatif, sympathique au regard des conditions de vieillissement (au-dessus d'un placard de cuisine pendant une bonne douzaine d'années). **
Jurançon sec 74 - Clos Joliette
Nez évolué, peu net, sur des notes de champignons. La bouche est littéralement à l'opposé, délivrant une immédiate pureté sans faille.
C'est très volumineux, doté d'une très belle et grosse acidité. Une finale sur l'ananas donne un ressort supplémentaire, une seconde et longue vie à ce quasi quadragénaire. Très beau vin ***(*)
Savennières - Bel Ouvrage 05 - Damien Laureau
Nez puissamment miellé, fines notes de berlingot, colle Cléopatre, un étonnant pétrole au fil du service.
Attaque opulente, mûre qui dévoile un très bel équilibre, une matière classieuse, à la finale d'amande amère, au potentiel de garde encore conséquent. ***/***(*)
Riesling Frédéric Émile 1979 de chez Trimbach
Assurément le vin de la soirée !! Un nez, limite repoussant, de terminal pétrolier, de soufre volcanique (déjà ressenti lors d'une soirée chez les Vikings) qui m'a pour le coup mis sur la (fausse) piste d'un riesling allemand. La matière
est dentelle, l'acidité extraordinaire, équilibre, plénitude & complétude d'un très grand riesling ****
Meursault-Genevrières 1er Cru 02 - Domaine des Comtes Lafon
Difficile de passer derrière ce monumental riesling.
Pourtant, le carton mouillé, le fruité, le fumé, largement moins repoussants que le gaz alsacien, du Meursault ne se laissent pas faire. Il nous offre amplitude, délicatesse et une classe aboutie. Un très joli chardonnay finement épicé ***/***(*)
Côte-Rôtie "La Mordorée" 93 de Chapoutier
Un boisé intense, un solaire conséquent enveloppent mon appendice nasal. Un soupçon de chèvrefeuille, de fruits à noyaux. Une acidité très dérangeante, limite, pour une matière peu complexe, à la
finale kirschée. Un petit millésime dont j'attendais un poil plus. */*(*)
Margaux Marquis de Terme 90
Nous nous plantons royalement à travers tout le vignoble bordelais pour découvrir un Margaux au nez "très rafle", à l'acidité jaillissante, métallique, solaire, sanguin, plus une étonnante pointe d'olive.
Le jus est soyeux, "debout", avec un côté très "garçon manqué" qui me surprend beaucoup pour un Margaux.
Les notes de café parfument le verre, donnant un plaisir musclé et délicat d'un domaine, dont j'ai bu quelques millésimes, surprenant de masculinité dans l'échantillon proposé. ***(*)
Avant les rouges, Ludo nous a une fois de plus gratifié de sa cuisine inspirée, fraîche, savoureuse et cinglante (pour information, Ludovic est cuisinier à domicile). La preuve par l'image :
Cocos de Paimpol, girolles & pétoncles
"Petites saloperies locales" avant le grand sacrifice du feu Weber
Le combava pour parfumer
Homard bleu de nos côtes, tagliatelles fraîches (maison), carottes du jardin (le sien bien sûr)...
Une soirée aussi délicieuse dans les verres que dans l'assiette. Un très bon moment de convivialité, de plaisirs et de gourmandises...
Les coordonnées du cuistot inspiré :
Ludovic Jouan
3 clos parc fossec
56880 Ploeren