Le Grand Gouting 2010
5éme édition du grand raout parisien imaginé par Bettane & Desseauve (ainsi que les moins médiatiques Sylvie Douce & François Jeantet).
Première incursion personnelle dans ce Carrousel en mode bacchique.
La longue queue permet de croiser un bon nombre de "passionnés-pratiquants" des forums et de la glousphère.
Je salue les infatigables Oliv (l'AFP bénévole du site LPV), Pipetteman (cornaquant la ravissante et longiligne "prêtresse de Noël" victime, quelques heures plus tard, d'une "attaque bactériologique" foudroyante).
Il est 10h30, j'ai retrouvé par un très heureux hasard 2 piliers de LPV Haute-Normandie, ainsi que Stéphanie (ministre déléguée aux transports en l'absence de la titulaire Marie).
Après le vestiaire, avoir troqué 5 euros contre un Riedel "Le Dégustateur", nous démarrons notre périple par les bulles du Domaine Janisson-Baradon.
Cyril nous fait découvrir successivement :
Toulette (39€) respirant fraîcheur et vivacité, pour des bulles au diamètre moins enthousiasmant.
Le Non Dosé (23€) est marqué par un fin bois, structure ample, crémeuse, à la bulle fine et agréable.
L'Extra Brut ( 20 €) marqué par le sucre et la pomme au nez, explose sur l'ananas en bouche pour un ensemble moyennement long et aux fins amers.
A ce moment là, mon verre décida de se suicider en se jetant de la table, se fracassant au sol en 275 morceaux.
5 nouveaux euros plus tard, son remplaçant découvre Tue Boeuf 05 (35€), un 100% pinot, au nez mentholé, à la structure ample mêlant vivacité et soyeux indéniables. Finesse remarquable.
Le Grand Cru 05 (sans malo) au nez de chenin et de berlingot, affiche une jolie tension et une fraîcheur là encore prégnantes.
Nous nous transportons de quelques mètres chez Jacquesson.
Une Cuvée n°734 (34 €) servie trop froide, exhalant une jolie fraise écrasée pour un ensemble brut peu flatteur.
Le Champagne Millésimé 02 (60 €) dégage de jolies notes de miel et de sureau. La matière est ample, fraîche sur de jolis amers finaux.
L'Avize Grand Cru Dégorgement Tardif 95 (140 €) propose une magnifique texture en filigrane, teintée de notes miellées puissantes et longues.
Notre guide Francky tient à nous faire partager sa passion pour le Domaine Olivier Guyot.
Le Bourgogne générique 08 (10€) propose un "boisé-grillé" poussif à mon humble goût, une densité demi-corps pas très sensuelle.
Le Marsannay 08 (17 €) évoque une belle crème de cassis et un petit côté solaire. C'est joliment fruité, un poil limité par un bois, là encore dominant.
Le Gevrey-Chambertin 1er Cru "Les Champeaux" 08 (36 €) propose aussi un boisé généreux au nez. La matière se révèle très élégante, juste fruitée, sur la griotte, qui apporte une acidité remarquable.
Le Chambolle 1er Cru "Les Charmes" 08 (40 €) affiche un "trait de rafle" qui me pousse à la question de la vendange entière sur cette cuvée. Olivier Guyot avoue en avoir intégré en partie dans cette dernière. Le vin affiche une structure déjà aimable, un potentiel terrible, une élégance folle qui poussent à l'addiction. Un de mes plus jolis pinots de la journée.
Le Morey-Saint-Denis Grand Cru Clos de la Roche 08 (71 €) explose de menthol, offrant finesse, densité et de jolis amers en retrait.
Nous restons en Bourgogne, avec le Domaine Jacques Prieur.
Un Meursault blanc "Clos de Mazeray" 07 (30 €) aux arômes "fumés-toastés", un poil chablisien, à la matière volumineuse et à jolie l'expression de poire.
Moulin à Vent "Grande Cuvée" 08 (7,5 €) au nez tradi de "gamay carbo", classique.
Un Beaune 1er Cru "Champs Pimont" 07 au nez de poivre blanc, puissant et troublant. Très beau déroulé de bouche mêlant poire et chèvrefeuille. Bel équilibre et magnifique texture.
Un seul vin dégusté chez William Fèvre avec son sauvignon en Saint-Bris 08 (8 €). Un nez de Champagne et de berlingot. Attaque sur la poire cuite, fraîche et simple.
Franck a encore un peu de nostalgie pour le bordelais. Direction Margaux, au Château Palmer.
"Alter Ego" 07 (35-40 €) : nez sanguin, ensemble fluet, très fluet...
Château Palmer 06 (200 €) : attaque suave, sur les fruits noirs, fin boisé, élégant, why not...
Château Palmer 96 (180 €) : Très joli bouquet de cèdre, tabac blond et de menthol. Attaque tout en finesse, profonde, dévoilant une très grosse structure (imaginez deux secondes Usain Bolt en danseur étoile). Petit trait vert final qui gâche un peu la belle harmonie de l'ensemble.
Une pause pour découvrir à quelques stations de métro un tout nouveau restaurant : " L'Hédoniste" (CR à venir).
Il est déjà 16H00, lorsque je replonge dans le Carrousel.
Je retrouve mon trio et reprends le train en marche. C'est Seb & Stéphanie qui nous entraînent chez Gonet-Medeville en Champagne.
Le Blanc de Noirs 1er Cru (21 €) est frais mais à la bulle mal taillée. Le Rosé 1er Cru (23 €) est traditionnel, à la bulle mieux taillée, mais encore trop grosse pour ma pomme.
Le Théophile Grand Cru (60 €) a enfin le calibre espéré. Jolie trame citronnée et complexité destinée pour la table.
Retour chez Hervé Bizeul (je parle de retour, car Francky alias "ouïe de chauve-souris" avait entendu la cloche du Clos des fées annonçant l'ouverture de la Petite Sibérie 06 en matinée, nous y avions fait un rapide saut pour y goûter, un passage plus conséquent étant prévu l'après-midi).
Côtes du Roussillon - Villages "La Petite Sibérie" 06 (200 €) : Nez peu causant (là je suis très déçu, car ce vin reste un de mes nirvanas olfactifs sur la cuvée 03). Matière très fine, classieuse et hélas encore bien boisée. L'impression d'une extraction un poil poussée. Encore bien jeune pour l'apprécier pleinement.
Côtes du Roussillon - Villages "La Petite Sibérie" 08 (200 €) : On retrouve un nez un poil plus causant, mais là encore, pas très expressif. La jolie finesse marque à nouveau la trame, la puissance est quasi outrageante, dans un esprit "démonstratif"... C'est "physiquement très bordelais" . Une impression de vin de garage élaboré pour les concours de calbuts renforcés...
Les autres cuvées (souvent réduites, pour ne pas écrire "sentant le cul") m'ont laissé un peu inerte, sauf le cabernet franc (45 €) atypique, mais là encore "bâti comme un produit".
En attendant, le père Bizeul semble sympathique, très généreux, plus accessible que certains de ses vins.
Ma montre s'emballe !! Comme le lapin d'Alice, je cours, je cours. Un dernier arrêt en Bandol, chez Pibarnon. Le blanc 10 (20 €) et le rosé 09 (19 €) ne sont pas justifiés en terme de rapport qualité-prix.
Marie Laroze nous propose de faire une petite verticale avec la cuvée du Château en rouge.
Bandol - Château Pibarnon 09 : Structure épicée, construite et dotée d'un soyeux charmeur.
Bandol -Château Pibarnon 08 : Demi-corps, sur l'écorce d'orange, fins amers, pas géant, ni gégé. J'avais promis à Marie d'en dire un peu du mal, c'est fait.
Bandol -Château Pibarnon 07 (25 €) : Grande finesse, fine astringence, gros potentiel !!
Bandol - Château Pibarnon 06 : Superbement épicé, sensuel, prêt à être dégoupillé.
Bandol - Château Pibarnon 05 : Fine sucrosité, typique de pas mal de 05. Finesse et grandeur du mourvèdre. Une très belle quille qui fera beaucoup d'ombre aux 06 & 07 dans quelques années.
Bandol - Château Pibarnon 04 (27 €) : On revient sur les fondamentaux. Classique, bien fait, mais pas le grand frisson.
Bandol - Château Pibarnon 01 : Une certaine plénitude !! C'est plein, toujours épicé, d'une richesse débordante.
C'est sur ce divin nectar, que je clôture ma mini-session de Grand Gouting (03H30 au total).
Moins de monde que lors des éditions précédentes selon les dires des habitués (merci la neige !!). C'est agréable, espacé et on n'y meure pas de froid.
Deux regrets. Le premier est de n'avoir pû faire la connaissance de Laurent Maynadier du Château Champ-des-Soeurs. L'autre et de n'avoir pu voyager à l'étranger...
Un salon avec, comme le dit Olif, son côté "culs serrés" palpable près des grosses étiquettes. En dehors de ces zones de boucliers fiscaux, c'est détendu et pas pompeux pour un rond.
Personnellement, je resignerai volontiers pour un autre vendredi comme celui-là...