Vins du Monde...
Bonjour/bonsoir,
Quand un de mes dealers me propose de voyager à travers le monde sans changer de siège ni de verre, je réponds forcément présent !!
Je ne connais pas de pays plus chauvin que notre Hexagone en matière de vins (à part les Ricains, les Italiens, les Georgiens, etc)... et de manque d'ouverture vers ceux des autres !!
Je n'échappe pas à la règle, ma cave étant constituée à 97,4% de vins français.
Si on peut se cacher derrière une offre plutôt rare de la part des cavistes gaulois (oui, oui, je vous voie entends d'ici pousser des cris d'Oprah Winfrey orfraie, car vous en trouvez plein et partout), ils sont peu nombreux à tenter de proposer une petite sélection extra-territoriale tarifée humainement.
Certains diront que l'Italie a les mêmes travers (je confirme), mais ne nous ressemble-t-elle pas un peu avec son vignoble aussi simple à comprendre qu'une identité d'Euler !?
Ce soir-là, 3 blancs et 7 rouges pour embrasser un panorama couvrant 3 continents et les 2 hémisphères.
Mise en bouche au nez de "boisé bourguignon", très beurré, virant melon de Bourgogne, pour finir sur des notes fumées et de fenouil.
L'attaque est un brin végétale, typée "jeune bourguignon", aux amers prononcés. les gorgées sont fluides, simples, aux accents sudistes. Finale manquant singulièrement de finesse, malgré de jolies notes poivrées finales et un caractère salivant pas déplaisant.
C'est l'Espagne (région de Rueda) qui ouvre la soirée à travers cet Azoe 2012, un 100% verdejo (souvent orthographié verdelho) pas inoubliable. **
On nous annonce un ressortissant slovène pour second breuvage.
Un nez "très muscadet", au fruité prononcé, finement anisé, développant au fil de l'aération fruits blancs et notes "berlingotées".
Le fruité se confirme en tronche, mais le perlant, l'amertume et la sensation de 71B banane chimique, adossés à des amers saillants, me laissent très dubitatif sur les qualités profondes de ce pinot gris 2015 de chez Tilia Estate, élaboré à Dobravlje dans la "sous-région" de Vipavska Dolina (on en dénombre 9 pour la viticulture pour le pays). *(*)
Le 3ème prétendant annonce, au nez, un fin bois, une dose de carton mouillé, un soupçon de miel pour finir.
La matière offre un fin sr, goûte comme un jus un poil botrytisé, finit sur de grosses notes poivrées, avec pour compagnon une amertume équilibrant avec peine l'ensemble brouillon.
Un sauvignon blanc 2012 chilien, produit par Casas Patronales (dans la Maule Valley) qui me laisse plutôt froid. *(*)
Une doublette intéressante va succéder au chilien-chiant.
Nous démarrons par un Valpolicella à la robe plutôt évoluée pour un 2014, au nez finement boisé-fumé (j'associe, ça me fait plus court, sauf quand j'explique comme ici entre parenthèses), à dominante de petits fruits rouges.
L'attaque est massivement menuisière, aux amers poussés, plutôt simple, pleine et étonnamment fraîche. Les amers rentrent dans le rang au fil des gorgées. Un jus somme toute correct au final. **(*)
La version "Ripasso" 14 est d'une autre trempe. Cette variante consiste à laisser pendant 6 mois le Valpolicella sur des lies d'Amarone.
Le nez annonce une toute autre densité. C'est capiteux et bien plus complexe. La bouche offre un nectar très mûr, à la densité promise au nez, évoquant une "grosse syrah du Rhône Nord".
En l'état, c'est bon, gourmand, à la très jolie finale épicée. ***
Un nez puissant de cassis, un boisé ostensible, une lourdeur sous-jacente à venir. En bouche, c'est "sucraillon", lourd comme prévu, solaire, à l'amertume dévastatrice, au cassis toujours omniprésent !!
Pas ma came que ce carmenère bio chilien 2013 de la vallée Del Maipo de la maison Armador. *(*)
Le suivant propose un nez d'Eurovision "international - Nouveau Monde - Parker et son parquet véritable". C'est une forêt attaquée par des tronçonneuses qui jaillit du verre. La bouche y va de son couplet "El Gringo", avec des notes poussées de torréfaction.
Un jus tannique à la finale épicée, produit par Mas de Victor. Un(e) Rioja - Graciano 2000, très éloigné(e) de mes goûts actuels. *
Pour clore notre tour du Monde, direction l'Océanie, avec un premier nez solaire, richement doté d'éléments susceptibles d'être scrutés par dendrochronologie boisé, à la robe encre.
Comme le carmenère cité au-dessus, nous retrouvons un caractère sucrailleux, archi-boisé mais sans échardes. Une shiraz (Selkirk) Australienne 2012 de Bremerton, élaborée par Rebecca Willson *
Avant-dernière escale en Argentine, avec un nez plaisant, droit, évoquant la groseille acidulée. Un jus perlant, limite fermentaire, puissant, au boisé enfin juste, d'obédience nature dans l'expression générale. C'est plutôt vachement gourmand au fil des gorgées, long à apprivoiser.
Sympathique rencontre avec ce malbec 2013 (sans sulfites ajoutés) de Mendoza, produit par la Familia Cecchin. **(*)/***
Un dernier jus sur fond musical des 80's, pour illustrer ce grenache/syrah (85/15) californien, estampillé de la pochette de l'album "Synchronicity" de feu The Police.
Si la gangue de bois est présente, elle est moins envahissante que prévu (pourtant, y'a une boisothérapie de 24 mois en fûts neufs !!). Le nez est agréable, le jus simple et efficace... la musique en harmonie avec ce The Police Synchronicity Red Wine Blend 2013 produit à Mendocino. **(*)
Moralité :
Je retiendrai l'expression transfigurée et réussie du Valpoliccella Fidora via sa version Ripasso, mais aussi l'inattendu malbec de la Familia Cecchin, sur lequel je n'aurais pas misé un bouton de pantalon !!
Pour le reste, la "passion boisée" généralisée et son manque de maîtrise ne vont pas me pousser à engranger l'immense majorité de ces jus de castors, dont je ne suis plus amateur depuis des lustres !!