Escapades... Zi end !!
Bonjour,
Cela fait des lustres que je chante la mort de ce blog... après 4 mois d'inactivité absolue, il est temps de mettre fin à l'acharnement thérablogique !
Beaucoup de blogs gisent sur un dernier article, comme en suspens... j'ai ouvert ce blog le 09 avril 2007 en disant pourquoi je le faisais, autant le fermer le 09 juillet 2017 en expliquant aussi pourquoi !
Escapades et son auteur (qui écrit à la 3ème personne du Alain Delon et de son ombre) tournent la page après 10 ans de diffusions chaotiques.
Dans l'espace-temps internautique, cela correspond au règne des dinosaures par rapport à la présence humaine sur Terre, à la dernière fois où un(e) critique gastro a payé une addition, au dernier témoignage d'un flic ayant vu Miossec ou Biolay à jeun !
533 articles, 2547 commentaires, 217 restaurants, 236 comptes-rendus de dégustations de pif, 415 fois le mot "prégnant", 4 poissons à la cuisson parfaite, 87 trop cuits, 93 plats trop salés, 200 desserts ingurgités, 5964 vins goûtés/avalés/recrachés pour toi, ami(e) lecteur/lectrice... mais aussi pour moi, parce que j'ai toujours faim et soif !!
Si la soif et la faim étreignent toujours mon gosier et mon palais, l'envie de vous conter mes aventures gastro-bacchiques m'est passée... clairement !
Je n'ai jamais écrit pour l'audience (heureusement, sinon j'arrêtais dans le trimestre suivant mes débuts), je n'ai jamais dandiné du cul, avec des accroches simili pornos ou érotico-misogynes habillées de teasers singeant les astuces éditoriales aux relents de composteurs de l'industrie agroalimentaire, pour faire venir le lecteur.
J'ai eu plus d'estime que de succès... et c'est moins facile à mesurer !!
Ce succès d'estime a dû me faire passer à côté de 5 ou 6 tentatives de suicide, car je n'ai jamais eu de passion dévorante pour l'écriture.
L'exercice m'amusait parfois, rendre une copie lisible me gonflait souvent, mais de là à jouer aux aspirants ratés d'un Houellebecq ou d'une Despentes, merci... je laisse ce rêve aux désespérés de l'édition et de la reconnaissance.
L'écriture d'un billet ne m'a jamais guère pris plus de temps que celui de taper avec la dextérité d'un gendarme aux 2 doigts gavés de polyarthrite...
En 10 ans, j'ai accepté 2 repas gratuits pour faire plaisir et un 3ème par surprise (et je l'ai signalé sur les articles correspondants), j'en ai refusé des dizaines par souci de liberté d'expression (et elle coûte une blinde dans ce milieu... la liberté).
J'ai payé toutes les bouteilles décapitées et commentées... même celles de potes producteurs... et j'ai dit la vérité, c'est tellement plus simple/sain... mais tellement irréel pour beaucoup !!
Je n'ai jamais fait de "conseil", je ne suis pas vendeur de vins à mes heures perdues (vous verriez le nombre de blogueurs cavistes gus qui vendent du vin, en parallèle, sans que vous vous en doutiez).
J'ai laissé le vin et la nourriture à leur place pour ce qui me concerne : 2 passions qui m'ont coûté et me coûtent toujours... mais qui m'ont apporté beaucoup de plaisir !
Le vin et la table ne sont pas devenus des business pour moi... mais qu'il est drôle aujourd'hui de lire certain(e)s hier en colère et amateurs, aujourd'hui énervés mais pros !!
Comme un film albanais sorti sur 3 écrans en Europe, Escapades ne doit son anonymat qu'au génie forcené de son auteur !
Un talent inné pour le "faire savoir" et inventeur du concept de "buzz" !
L'auteur d'Escapades est à l'origine des ulcères de feu Steve Jobs et des dépressions successives de Marc Zuckertruc !
Largué dès le 1er article, j'ai suivi pendant 10 ans la croissance fulgurante des microsphères dévolues au vin et à la nourriture. J'ai mis un point d'honneur à ne pas suivre dogmatiquement chaque recette pour rester dans la course... effrénée au clic... et ça a marché !
Les sujets et les partis pris se sont rapidement "politisés"... au rythme des tendances et des tribuns du clavier.
On a pu voir l'émergence des "mélenchonistes pinardiers" qui, poing et tire-bouchon levés, ont déclamé et clament encore la naturalité du vin, des hommes et de la société !!
Entre le punk sans clebs qui fait du cidre raté avec des raisins et l'ex-trader venu au vin pour soigner son burn-out, les réussites sont rares... et le prix des bouteilles très très insoumis... eh oui, il ne faudrait pas tout jeter non plus dans le capitalisme !!
Dans la tranchée opposée, les tenants du "vrai vin" : sans défaut, rigide comme un salut hitlérien. On y prône souvent le "vrai manger" qui va avec. Cela va de l'immuable cuisine populo-bourgeoise, en passant par "le dernier artisan" si chèrement défendu par feu Jean-Pierre Coffe (qui a fini chez Lidl, en passant)...
Mais il serait tellement dommage pour ses "identitaires coronariens" de ne pas profiter du micro pour faire passer d'autres messages moins conviviaux.
Aussi, régulièrement, on croise des saillies contre les vins défendus par les "mélenchonistes natures"... et, au milieu, on se demande toujours pourquoi, des diatribes "Brigitte bardot-grotesques" contre une religion qui, comme tout le monde le sait, a un rapport forcément très très étroit avec le pinard et la charcutaille (toujours de chez Lidl) !
On dit souvent qu'avec le temps, les gens changent, certains mûrissent... mais d'autres pourrissent assurément !
Ces 2 factions, face à face, ont nivelé le niveau de la barrique au seuil d'un bassin d'épuration (ethnique, si possible pour ceux de droite).
Je me suis fatigué de lire toutes ces joutes et d'écrire sur ces 2 sujets en me justifiant. Fatigué de la course aux étiquettes, au naturisme de certains amateurs et des discours de quelques vignerons geignards qui palpent parfois autant que 4 smicards.
Fatigué de ces enjeux âprement disputés par des claviers souvent haineux, où le spectacle prime sur la passion.
Ces mêmes claviers qui dénoncent le totalitarisme d'en face (ou d'à côté) à longueur de billets, aveuglés par celui qu'ils distillent au quasi quotidien.
Ils ventilent sur tous les supports internautiques leur "philosophie de la détestation d'autrui(e)", quand le vin et la nourriture sont les armes de pacification les plus redoutables qui existent.
Aussi, avant de tomber à mon tour (en retard... à moins qu'il ne soit trop tard) dans le tourbillon de cet affligeant spectacle, je ferme la boutique (bon, elle est déserte en même temps, c'est vrai) !!
L'avantage de ne pas avoir goûté à la soupe quand tous les autres y ont déjà craché !
Et pour fêter en fanfare la fin d'une décennie à lire, écrire et dire des conneries, quoi de mieux qu'une belle bulle de bouzy ?!
Ciao "Monde de(venu) merde", adieu microcosme (à qui je dois de jolies rencontres), bonjour terre(s) inconnue(s) pas encore polluée(s) par ces enfants d'Hanouna prêt à manger leurs excréments pour briller comme des pitbulls édentés devant un parterre de Claudettes neurasthéniques.
Merci à vous pour votre attention durant ces 10 ans... n'oubliez jamais le seul cri de ralliement qui vaille la peine d'être hurlé :