Restaurant Le Parvis à Orange
Bonjour,
C'est le palais encore meurtri par les affres du dîner de la veille, que je cherche l'inspiration de quoi déjeuner dans un des ex-bastions du FN celle que l'on nomme parfois encore la "Cité des Princes".
Il est midi pile, je cherche quelque chose de "central" dans l'antique cité, avec si possible un parking couvert, histoire de ne pas ramener mes bouteilles de Châteauneuf-du-Pape chauffées à 30°C !!
Le cours Pourtoules propose un providentiel parking souterrain (gratuit à l'heure du déjeuner), ainsi que quelques restaurants peu encombrés en ce début de mois de mai.
L'ardoise du Parvis gagne rapidement mes faveurs. J'entre...
Le "gap" est conséquent entre la formule très populaire attrayante à l'extérieur et l'intérieur aux aspirations bourgeoises, auréolé de "peintures naïves montmartoises" !!
L'accueil est poli, mais frais comme une clim' très mal réglée. Seules 2 autres tables sont occupées.
J'opte pour la formule du jour, tandis que l'on me dépose "l'éternelle-sempiternelle-traditionnelle tapenade" (aux olives noires aujourd'hui), que je grignote en compagnie d'un blanc sudiste oubliable (et oublié) !!
Les filets sont remarquablement bien saisis !! La fraîcheur et le goût se disputent autour d'une délicieuse ratatouille. Une ratatouille relevée avec une précision diabolique !! Je suis déjà en mode "Bob l'Eponge qui cligne les yeux, se demandant où il est" !!
5 généreux filets d'un poisson vulgaire trop souvent méprisé, qui peut s'avérer fabuleux quand il est traité avec soin !!
Là encore, une cinglante démonstration de la maîtrise des cuissons, qui offre un condensé de savoir-faire, des bouffées magiques d'iode, quand la mer ne s'offre à vous, visuellement, que 3/4 d'heure plus bas !!
Le jus est une tuerie, une boucherie, un génocide des sens, mêlant une huile d'olive limite "hallucinogène pour les papilles", additionnée d'olives de dingo forcément d'un autre monde, capables de faire avaler du navet au "brassicasséphobe" que je suis (hé oui, je déteste aussi les olives en temps normal !!).
Les rares légumes sont au diapason du niveau olympique du plat !!
Une assiette qui manque de provoquer un avc à mes paupières de Bob l'Eponge, quand mon palais veut prolonger ce coït inattendu !!
C'est une sorte de "baba au rhum" qui débarque sur la table (je n'aime pas les babas non plus !!).
L'acidulé et le sucré se téléscopent judicieusement dans ce savarin, qui disparaît en moins de 3,5 bouchées (oui, même la bouche de Mick Jagger à côté de la mienne ressemble à la poitrine de Birkin face à celle de Christina Hendricks)...
Jean-Michel Bérengier officie depuis la fin des années 80 au Parvis (la carte précisait même qu'il fêtait ses 25 ans cette année, à la tête de l'établissement).
Sans être d'un avant-gardisme désopilant (il semble se réclamer d'Escoffier), voilà un cuisinier qui cultive un sens aigu des goûts, délivrant une cuisine désarmante de simplicité assise sur une technique éprouvée...
Un mot sur le service. Si celui-ci fut teinté d'une certaine fraîcheur au départ, il a su se faire souriant, voire charmant, pour ne pas dire flatteur, quand l'élégante hôtesse me fit notamment part du "bel organe inexploité" que représentait ma voix (cassée depuis plusieurs semaines)...
Au-delà des rougeurs provoquées par ces flatteries, le service est très pro, mais effectivement pas immédiatement engageant !!
La formule entrée, plat, dessert + 1 verre de vin + 1 café est facturée 19,50 € !!
Contrairement au Poulpe, où le prix de la formule "rend" la séquence bonne, ici c'est très bon, au rapport qualité/prix exemplaire !!
Etonnant de constater que ce resto (aux formules plus "ambitieuses" le soir venu) ne soit guère plus "médiatique" !!
Il y manque sûrement la gouaille d'un cuistot "grande gueule avé l'assent", ou les services et l'acharnement d'une attachée de presse affamée !!
Si l'on devait "coter" Le Parvis, il pourrait largement prétendre à un Bib Gourmand (alors qu'il ne figure même pas dans la sélection du Gros Rouge) et naviguer sur "2,5" toques au Gros Jaune (où il ne figure pas non plus !!), sur la base de ce déjeuner .
Les locaux se plaignant, à juste titre, de la banalité du paysage gastronomique orangeois, seraient très inspirés de réorienter leurs budgets vers Le Parvis, plutôt que de s'acharner à gaver les nombreuses "chaînes de décongélation"...